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04/14/2013 
Le Temps. Au Kazakhstan, la nouvelle «Route de la soie» sera chinoise

Asie centrale Pékin étend son emprise dans la région avec, à la clef, des débouchés supplémentaires vers l’Europe Branislav Krsmanovic est l’un de ces hommes qui dessinent, à coups de béton et de bitume, les contours dunouveau«grandjeu» enAsie centrale.

Ala finduXIXe siècle, l’expression désignait la rivalité, dans ce paysage de steppes désolées, entre la Russie tsariste et l’empire britannique.

Aujourd’hui, lemot recouvre une autre réalité incontournable pour les dirigeants de l’Union européenne, qui recevaient jeudi à Bruxelles le premier ministre Wen Jiabao (lire encadré): l’emprise de la Chine sur cet immense territoire reliant l’Europe à l’Asie. «Nos équipements? A 80% chinois, répond l’ingénieur serbe retraité, superviseur dufutur tronçond’autoroute Shymkent-Kyzylorda. Nos sous-traitants? Très souvent chinois. Notre approvisionnement? Chinois.»

L’Europe absente La tâche qui incombe à Branislav Krsmanovic est cruciale pour les échanges entre les Vingt-Sept et l’Asie orientale. Financée en partie

par la Banque mondiale, la future autoroute reliant lavillekazakhede Khorgos, à la frontière chinoise, à la Russie distante de plus de 2000 kilomètres

pourra, en théorie, ramener à dix jours le convoyage de marchandises entre l’Union européenne et les gigantesques mégapoles de l’Empire duMilieu. Le gain

de temps – un mois au minimum pour le fret maritime – et surtout logistique (plus de transit portuaire) s’annonce colossal. A condition bien sûr que cette nouvelle «Route de la soie» bénéficie à tous: les pays traversés, tel le Kazakhstan.

Or c’est là que le bât blesse. Suivre Branislav Krsmanovic, ex-ingénieur de l’armée de l’air yougoslave, reconverti en chef de chantier pour le consortium Kazdor à Shymkent, montre combien l’Europe est absente. Sur le tronçon d’environ 250 km jusqu’à Kyzylorda, dans le sud du Kazakhstan, les six compagnies retenues sont chinoise (Sinohydra), sud-coréennes (Posco et Kukdong), iranienne (Dena Rahsaz), turco-azerbaïdjanaise (Azerkorpu) et koweïto-kazakhe. Une firme italienne, pressentie pour exploiter la concession autoroutière, a renoncé. Unique trace de l’UE: les bitumeuses allemandesWirtgen et leur impressionnant ruban de ciment de 30 cm, posé sur un lit de gravier et de sable. La seule technique capable de résister au climat kazakh: de -30° en hiver à +40° en

été. Coïncidence? Spécificité de ce tronçon routier? La réalité est plus rude: celle d’Européens coincés entre la volonté de revanche de Moscou et l’appétit dévorant de Pékin.

La Russie fait barrage. Le président Vladimir Poutine était d’ailleurs reçumercredi à Astana par le président Noursoultan Nazarbaïev. Les liens étroits entre oligarques des deux pays, mais aussi la colère suscitée au Kazakhstan par les enquêtes, dans les pays de l’UE et en Suisse, sur les soupçons de blanchiment

financier de la famille présidentielle, n’arrangent rien. «La Chine a beau inquiéter, elle froisse beaucoup moins de monde», estime un universitaire kazakh.

Des embûches Les entreprises chinoises se font en effet discrètes. Sauf qu’à Shymkent, ville d’unmillion d’habitants, il est impossible de les rater. Les immeubles récents portent leur marque. Leurs produits règnent en maître sur les marchés. Plusieurs scandales de corruption liés à leur présence ont éclaté.

Mais quelles que soient les tensions entreKazakhs etChinois – et il y en a –, le volume des échanges dicte sa loi.Quelque 20 000 véhicules parcourent déjà, chaque jour, les tronçons bitumés, soulevantdes nuages de poussière lorsqu’ils empruntent des détours à travers le désert pour éviter les chantiers. Or

50% de ce trafic est d’origine chinoise.

Ce qui pose à l’avance à l’UE une question: celle des contrôles de ce déferlement annoncé de marchandises au format XXL. «Que gagnera l’Europe en crise à ces quatre voies qui permettront à une noria de camions de traverser le Kazakhstan à 150 km/h? Je m’interroge», reconnaît un diplomate bruxellois.

Le chantier de la «Route de la soie» du XXIe siècle, d’un montant de 7milliardsdedollars auKazakhstan, est certes encore semé d’embûches.

Son tronçon le plus avancé, entre la frontière chinoise et la ville de Turkestan, a beau être promis pour 2017, les obstacles restent nombreux et les autres parties du chantier,ducôtéde lamerd’Aral au centre du pays, ne seront pas terminées avant 2020. N’empêche: l’Europe, dépendante de la Russie pour

son énergie et en position de faiblesse commerciale face à la Chine, a un besoin urgent d’y reprendre pied. «C’est le plus grand chantier autoroutier du monde, complète fièrement Evgueni Von Kramer, un ingénieur russe de 77 ans, affairé à terminer un pont près du village de Tamerlan, fréquenté au XIVe siècle

par le grand conquérant. Cet axe, une fois terminé, engendrera d’énormes bouleversements.»

Richard Werly

ENVOYÉ SPÉCIALÀSHYMKENT

0 500 km
Astana

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«The completion of the Kazakhstan’s section of the Western Europe – Western China International Road Corridor is very important. It is really the construction of the century»

«We set an objective to develop infrastructure. And it turned out to be within our power. We are currently reviving the New Silk Road. We have opened access to the countries of the Persian Gulf and the Greater East. We have opened the Eastern gates, paving the way to the markets of China and the entire Asian continent», "Kazakhstan-2050” Strategy.
 
 
Address of the First President of the Republic of Kazakhstan – Elbasy, 2012.

 

 

 

 

«The executive authorities need a complete, high-quality Nurly Zhol Program. This is a strategic project which will affect the entire transport infrastructure».

 

 

 

 

 

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